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Innovation et formation ? Partie 2

Diversifier les représentations du travail.
 
La représentation de l’emploi chez les publics en insertion et plus particulièrement les publics jeunes est aujourd’hui complètement morcelée.  
 
Une situation de travail sera d’autant plus formatrice que des dispositifs d’étayage seront mis en place, mais surtout que le demandeur d’emploi la vivra comme une expérience positive. Deux cas de figure peuvent se présenter a priori : soit ce travail s’inscrit dans un projet ; soit il constitue une expérience supplémentaire, susceptible d’être valorisée comme une étape d’un parcours non linéaire dont l’aboutissement n’est pas forcément identifié. Ce qui importe pour qu’un emploi soit formateur, c’est donc d’abord l’attitude du demandeur d’emploi face à cette période d’activité. Le fait qu’un parcours professionnel soit ponctué d’étapes n’est plus subi comme une nécessité inéluctable, mais s’inscrit dans une perspective d’intégration. Parler de parcours contribue par ailleurs à faire accepter au demandeur d’emploi le fait d’entrer dans un processus long, composé d’étapes qui ne s’effectueront pas forcément dans la même entreprise. Mais l’évolution de ces représentations passe par une formation qui favorise l’avancée par étapes et qui procède d’un désétayage progressif. Chaque personne doit pouvoir formaliser un projet, le tester, connaître les différents modes de prospection... sur des lieux différents et avec des personnes diverses. 

Diversifier les représentations des terrains de formation. 
Les formations d’insertion se confinent souvent à l’acquisition de comportements supposés nécessaires à un emploi par ailleurs largement indéterminés. Mais pour devenir des formations d’intégration, elles doivent gérer la tension entre la qualification professionnelle et la qualification sociale, sans éliminer aucune de ces deux dimensions. L’individualisation des parcours favorise ce processus. 
Pour viser à l’intégration, les formations d’insertion doivent donc nécessairement prendre en compte une alternance entre centre de formation et lieu de travail, sans pourtant séparer les savoirs à acquérir en fonction du lieu. L’entreprise ne doit pas être uniquement le lieu d’apprentissage des acquis professionnels et le centre de formation celui des acquis comportementaux et des savoirs. Pour cela, il est nécessaire de porter une attention toute particulière à la formation des formateurs oeuvrant sur les formations d’insertion. 
 Ainsi, le fait que les formateurs aient une expérience professionnelle autre que la formation paraît un plus indéniable dans ce type d’action. Leur positionnement sera différent : il sera celui de professionnels connaissant la vie et les attendus de l’entreprise. 
L’intégration des demandeurs d’emploi doit s’effectuer dans une logique de réalisation du projet de vie, et d’orientation vers l’emploi. Pour organiser ce trajet, chacun doit pouvoir faire le point lorsque cela est nécessaire, mesurer le chemin parcouru et tracer la route à venir. Ceci est un autre volet possible des formations d’intégration. En effet l’orientation est un objectif assigné aux formations d’insertion, mais se réduit souvent à une sélection limitée de métiers, proposés aux personnes en fonction de leur histoire, de leur formation antérieure, ou des stages qualifiants existants. Il faut aller plus loin dans ce domaine, et aider chacun à reconnaître les compétences qu’il a acquis à travers la pratique de ses diverses activités, professionnelles ou non. La possibilité pour les personnes d’effectuer des choix qui prennent en compte leurs projets, leurs désirs, leurs contraintes et celles de l’environnement, garantirait aux entreprises qui les intégreraient un personnel motivé, autonome, pour lequel le travail a un sens, et développerait leur implication dans le travail. 
Ainsi pourrait-on rêver de formations d’intégration qui interviendraient à plusieurs niveaux : celui des demandeurs d’emploi certes, mais aussi dans le cadre de l’entreprise, celui du recrutement, en permettant aux personnes de faire le point sur leur projet et sur celui de l’entreprise, de négocier de nouvelles formes de contrats adaptées aux exigences de chacune des parties. Ces formations pourraient également, davantage que ce n’est le cas actuellement, aider les travailleurs à faire face aux changements technologiques ou aux mutations dans l’organisation de l’entreprise. Elles permettraient alors de ne pas écarter du marché de l’emploi, lors des changements en profondeur des processus de production, des personnes dont les qualifications sont obsolètes, en les aidant à développer des compétences transversales pour favoriser leur réemploi. Les formations d’intégration pourraient ne pas se limiter à la réinsertion des personnes sans emploi, mais participer à une intégration optimale des salariés dans leur organisation.
Odile PAVIETSALOMO
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